La Brière, un véritable « piège » à vestiges archéologiques
À l’occasion de travaux de curage d’une vingtaine de kilomètres de canaux, le suivi archéologique des terrassements a mis au jour des objets et des traces de vie du passé briéron. Yann Le Jeune, géoarchéologue, présentera ces découvertes lors d’une conférence le 4 février à Saint Joachim.
L’histoire environnementale de la Brière, son passé « maritime », son sous-sol fait de tourbe et de vase garantissent une excellente qualité de conservation des objets recouverts. « On peut dire que le sol de Brière est un véritable piège à vestiges archéologiques », se réjouit Yann Le Jeune, géoarchéologue au pôle archéologie de Loire-Atlantique et rattaché au Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire (CNRS, Rennes). C’est lui qui coordonne et participe à la mission d’archéologie préventive dans le cadre de ce suivi du curage des canaux prévus pendant cinq ans. « L’objectif de ces recherches est de récupérer un maximum de données sans ralentir les travaux ». La première portion de curage a été réalisée d’août à novembre, sur plusieurs communes : Saint-Joachim Herbignac, Saint-Lyphard, Trignac, Sainte-Reine-de-Bretagne et Saint-Nazaire.
Des bois bûcheronnés à la hache, conservés dans la tourbe
« Ces curages laissent apparaître différentes strates qui révèlent des vestiges que l’on n’a pas l’habitude de voir », poursuit Yann Le Jeune. « Nous avons été surpris, car nous nous attendions à découvrir certaines choses que nous n’avons finalement pas trouvées et nous avons trouvé des choses auxquelles nous ne nous attendions pas ! ». Parmi ces surprises, on peut citer des troncs d’arbre avec des traces de bûcheronnage à la hache, en forme de spirale, en cours de datation. « C’est assez inhabituel et cela nous renseigne sur des gestes et des techniques anciennes ».
Un foyer de l’âge de bronze et des objets plus contemporains
Et ce n’est pas tout ! D’autres vestiges étonnants sont apparus pendant ces fouilles : « Aux abords de Saint-Joachim, en partant de Pendille vers Crossac, sous la tourbe à la gauche du pont, nous avons découvert un foyer datant de l’âge du bronze, -1000 av. J.-C. ».
Vers la déchetterie de Cuneix, le canal a été curé autour de la butte Moreau, une ancienne île, à proximité du menhir de la Pierre Blanche. « Nous avons entendu un gros bruit de cailloux avec la pelle mécanique. Ces cailloux n’avaient rien à faire là, car les fonds sont normalement ici plutôt argileux. Nous y avons trouvé des mégalithes d’un mètre chacun environ, avec face ronde et face d’arrachement. Peut-être était-ce un grand mégalithe plus grand détruit en plusieurs parties ou les traces d’une extraction par les hommes du Néolithique ? ». Le suivi archéologique a aussi permis de mettre au jour de nombreux objets plus « récents » : une abondance de cartouches de chasseurs et même une plaque de cuivre datant du début du 20e avec le nom du propriétaire de l’époque !
Une rareté : l’enceinte très ancienne d’un habitat collectif
Avant que ne commencent les travaux de curage, Yann Le Jeune avait réalisé une étude topographique sur la base d’une modélisation 3D de la Brière réalisée par l’IGN. « Près de Sainte-Reine-de-Bretagne, j’avais repéré quelque chose qui ressemblait à une enceinte courbe, caractéristique des habitats groupés des premiers agriculteurs. Ceux-ci ne vivaient pas alors dans des fermes, mais dans des habitats collectifs fortifiés construits en bois et en terre. Le canal qui devait être curé touchait cette enceinte à une extrémité. Il fallait faire attention ». Bien vu ! C’est ici qu’ont été retrouvés non seulement l’enceinte, mais aussi des céramiques et divers autres vestiges. « C’est très intéressant d’un point de vue patrimonial, pour ceux qui voudront organiser ici des recherches plus tard ».
RDV le samedi 4 février | 20h
Espace du Marais
Saint-Joachim
Réservation obligatoire ici